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Fukushima : les écolos en font-ils trop ?

« Les écolos en font-ils trop ? » s’interroge Le Parisien dans son édition du 16 février. La question n’est pas scandaleuse et il est facile d’y répondre : peut-on raisonnablement demander à des militants, à des élus, engagés depuis 40 ans dans la dénonciation des menaces que fait peser sur l’humanité le choix du nucléaire et dans l’élaboration des politique permettant de s’en passer, de cesser de le faire au moment même où survient une catastrophe qui bouscule toute les certitudes ?

Un billet d’humeur de Dominique Voynet, maire de Montreuil. Ancienne ministre de l’Environnement.

« Les écolos en font-ils trop ? » Sans polémiquer, il faut bien admettre que les journaux, eux, n’ont pas résisté à la tentation de faire ce qu’ils nous reprochent. « Terreur nucléaire » titre le même Parisien. « Panique nucléaire » affirme Libération. Quant à Günther Öttinger, le très raisonnable commissaire européen à l’Energie, issu de la CDU allemande, il parle carrément « d’apocalypse » !

Je le dis ici solennellement. L’indécence n’est pas du côté des écologistes ! Ni de Dominique de Villepin qui a sans doute des idées derrière la tête, mais qui a raison de pointer que la France a un problème avec le nucléaire. En vérité, on n’est pas seulement dans le déni, comme il l’affirme. On est dans la connivence, et la consanguinité !

Comment expliquer la présence d’Anne Lauvergeon, PDG d’Areva et d’Henri Proglio, patron d’EDF, parmi les participants de la 1ère réunion de crise à Matignon, sinon par la volonté, au plus haut niveau de l’Etat, de préserver coûte que coûte les intérêts des champions français du nucléaire ?

En quelques jours, le discours officiel a changé. On est passé de « aucune raison de sonner le tocsin » à « c’est très très grave, mais le Japon, c’est pas la France ». Il faut décortiquer cette rhétorique simpliste et éculée, testée après Tchernobyl en 1986, combinant déni, désinformation et rassurance pseudo-scientifique. Soyez sérieux, ce n’est pas le nucléaire qui est en cause, c’est la déliquescence et l’impéritie de l’état russe ! Sans doute… Mais la catastrophe n’aurait pas eu lieu, ou n’aurait pas eu le même impact, si la centrale avait été dotée d’enceintes de confinement ! Adapté à Fukushima, ça donne : c’est quand même scandaleux de mettre en cause le nucléaire !

C’est le séisme, puis le tsunami qui ont provoqué la panne, une panne électrique qui a mis hors service de façon pratiquement simultanée les circuits de refroidissement des six tranches de Fukushima Dai Ichi ! Vrai bien sûr, sauf que la catastrophe met en évidence le vieillissement des installations (dont les enceintes de confinement n’ont pas tenu), le caractère dérisoire des procédures et des moyens de secours (des canons à eau…), et bien sûr les légèretés de TEPCO, dont les procédures de sûreté sont aujourd’hui critiquées (on aura noté le silence radio sur les cousinages, les coopérations entre les technocraties japonaise et française depuis… toujours).

A cette heure, nul ne sait si la catastrophe excédera celle de Tchernobyl ou si, cahin caha et moyennnant l’irradiation « modérée » (il faut n’avoir que des connaissances scientifiques ridicules et méconnaître totalement l’effet de faibles doses cumulées pour utiliser ces termes) de quelques millions de personnes et quelques dizaines de milliers de km2, on se contentera de faire une croix sur ces six tranches nucléaires. Il faudra de toute façon prendre des décisions, et pas seulement au Japon.

Je veux croire qu’elles seront prises de façon plus démocratique et moins pavlovienne que celle qui le furent par le passé. Ministre de l’Environnement dans le gouvernement Jospin, je n’ai pas oublié à quel point il a fallu batailler pour obtenir la fermeture de Superphénix puis de Phénix (construit comme l’AtPU sur une faille géologique !), et comment le projet de loi sur la sûreté et la transparence sur lequel j’ai tant bossé, fut détricoté par les lobbies au point que j’ai refusé d’en assumer la paternité (maternité ?). Je peux en témoigner : le consensus nucléaire est solide, à droite (on s’en doutait) et à gauche. Par intérêt (l’emploi pour le PC, les contrats pour le PS).

Par ignorance aussi. Ca fait mal d’entendre Pierre Moscovici, loin d’être le plus largué sur ces questions, répondre à sa collègue de parti Aurélie Filippetti, qui encourage son parti à remettre en question les exportations de centrale nucléaires urbi et orbi, que « ça ne pourra pas se faire en quelques semaines » ! Ben si, justement, ça peut se faire tout de suite. Et ça tombe bien, parce que les clients, hein, ils risquent de ne pas vraiment se précipiter… D.V.

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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