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Nucléaires : Les mensonges de Monsieur Proglio

Dans le Parisien du 9 novembre, Henri Proglio, PDG d’EDF, assure sans rire qu’une sortie du nucléaire « augmenterait probablement de 50% les émissions de gaz à effets de serre » et (entre autres) menacerait 400 000 emplois directs et indirects, 500 000 emplois dans les entreprises gourmandes en énergie et 100 000 emplois futurs dans le nucléaire. Réponses à cet exercice caricatural de lobbying industriel

Plus c’est gros, et plus ça passe ! C’est en substance, ce qu’Henri Proglio devait croire en s’adressant aux lecteurs du Parisien en début de semaine… et sans doute aussi aux responsables du Parti socialiste. En intervenant lors de la dernière étape des négociations entre PS et EELV, il cherchait peut-être à effrayer François Hollande et à empêcher le futur accord avec les écologistes…

Mais quand même, il y a des limites à la malhonnêteté intellectuelle que le Pdg d’EDF n’aurait pas dû franchir. Il annonce un million d’emplois perdus en mélangeant plusieurs choses : emplois directs, indirects, induits + emplois industriels et enfin hypothétiques emplois futurs qui seraient engendrés par le développement du nucléaire à l’étranger.

Prenons ces derniers tout d’abord. N’est-il pas étrange de pronostiquer la création de 100 000 emplois dans l’exportation du nucléaire alors que de nombreux pays renoncent à cette énergie depuis la catastrophe de Fukushima ? Et que les principaux  pays développeurs (Chine, Inde, Russie) se démènent pour maîtriser eux-mêmes la filière industrielle, laissant peu de place aux industriels français. L’exagération est grossière.

Quant aux emplois, de quoi parle-t-on ? La filière nucléaire française emploie directement 125 000 personnes d’après une étude du cabinet PriceWaterhouseCoopers. Et seule une petite partie d’entre elles est spécialisée, les autres sont des cadres qui peuvent facilement se recycler dans l’industrie classique. Les sous-traitants emploient quelque 114 000 personnes, toujours selon la même source. Et les emplois induits (dus au dépenses de ces employés pour leur consommation privée) engendreraient quelque 171 000 emplois supplémentaires. Soit au total 410 000 emplois. Ce qui n’est pas rien.

Mais notons d’abord que ces emplois induits (par exemple le boulanger dans une commune abritant une centrale nucléaire) existeraient aussi sans le nucléaire. Les employés travaillant pour l’éolien ou le solaire mangent autant de pain que ceux du nucléaire… Gros mensonge de monsieur Proglio.

Et que dire des 239 000 emplois directs et indirects. Est-ce que la création d’une industrie importante de l’éolien et du solaire ne serait pas capable de créer autant, voire plus d’emplois ?

Comparons donc la filière nucléaire française, sa production d’énergie et ses emplois, à ceux de la filière renouvelable en Allemagne. En France, le nucléaire produit 428 000 gigawatt/heure (GWh) en employant 239 000 personnes. Soit un rapport de 0,6 emploi par GWh.Voir les statistiques du ministère de l’écologie. En Allemagne, les énergies renouvelables produisent 103 000 GWh, en employant 370 000 personnes. Soit un ratio de 3,6 emplois par GWh produit. Voir les statistiques ici. La teneur en emplois du nucléaire est donc largement inférieure à celle des énergies renouvelables. De l’ordre de six fois moins de créations d’emploi. Bref, contrairement à ce qu’affirme monsieur Proglio, le nucléaire n’est pas l’avenir de la création d’emploi en France.

Enfin, ce grand ami de Nicolas Sarkozy nous promet la destruction de 500 000 emplois dans l’industrie si l’électricité augmente, ce qui pourrait se passer, à terme, lorsque un certain nombre de centrales nucléaires françaises auront fermé. Raisonnement simpliste et trompeur. Passons sur le nombre lui-même. C’est de toute évidence un « calcul au doigt mouillé ». Il fallait tomber sur un million à la fin, pour impressionner. Et gros mensonge encore.

Car monsieur Proglio n’explique pas pourquoi l’Allemagne qui a une électricité plus chère s’en tire beaucoup mieux que la France au niveau industriel ? En 2007, il y avait 1,5 fois plus d’emplois dans l’industrie en Allemagne qu’en France. D’autre part, le Pdg d’EDF affirme par ailleurs que le prix de l’électricité devra augmenter en France, même si l’on reste dans le nucléaire. Il nous promet même 34% de hausse en dix ans. Alors où est la différence pour l’industrie française ?

Bref, on savait que l’industrie nucléaire française cultivait l’opacité et le manque de démocratie depuis sa naissance. On savait qu’elle était capable d’alimenter toutes sortes de rumeurs affabulatrices (sur les dangers des éoliennes par exemple). On réalise aujourd’hui, grâce à monsieur Proglio, que le lobby nucléaire n’hésite pas non plus à développer une propagande grossièrement mensongère. Bravo l’artiste. E.B.

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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