Un livre lumineux sur la disparition des espaces naturels les plus riches sous l’effet du « développement » économique et du choix de la majorité des français pour la propriété individuelle. De quoi faire réfléchir les rosnéens qui assistent à la multiplication des chantiers d’immeuble et à la destruction de certaines zones humides sur la commune. A lire de toute urgence.
« La ville qui s’étale, ce ne sont pas seulement des pavillons alignés mais des entrepôts, des aires de logistique, des centres commerciaux, des routes, des lignes ferroviaires, des aéroports. Chacun d’entre nous, par son mode de vie, par ses choix de consommation, contribue au phénomène. (…) Pourtant, c’est vrai, en s’agrandissant, la cité consomme, génère des dépenses inutiles, provoque l’isolement et le repli sur soi. Alors, l’étalement urbain, fléau à combattre ou mal nécessaire ? En tout cas, l’affaire n’est pas simple et mérite davantage qu’un discussion, si agréable et passionnée soit-elle, au comptoir d’un café. »
Cet extrait de la « Tentation du bitume » résume son objet. Les auteurs, Eric Hamelin, sociologue urbaniste & Olivier Razemon, journaliste spécialisé dans les transports et l’urbanisme nous livrent un panorama complet du problème de l’étalement urbain. Tous les dix ans en France, c’est l’équivalent d’un département (6 000 km2) qui échappe à la nature et se couvre de béton : lotissements, zones commerciales, routes, hangars… Ce « développement » urbain parait inévitable et les auteurs en présentent les tenants et les aboutissants de façon vivante, efficace et non simpliste.
Ils ne se contentent pas d’énumérer les faits, les causes, puis de passer en revue les enjeux. En guise de conclusion, ils essaient de tracer des perspectives et de présenter quelques solutions : le « recyclage » de la ville existante ; la revitalisation des centres villes et des banlieues ; l’amélioration de l’habitat collectif : l’aménagement de parcs, jardins et zone de production vivrières au sein des agglomérations ; un autre calcul du prix des transports individuels et collectifs ou encore l’aménagement de circuits piétonniers et l’aménagement de pistes cyclables. Des idées qui ne peuvent s’imposer sans un développement de l’intercommunalité et la simplification des circuits de décision, expliquent-ils. Optimistes malgré tout, les auteurs estiment que la crise actuelle, avec son lot d’augmentations du prix de l’énergie et particulièrement du pétrole, provoquera un changement salutaire de mentalité qui pourrait mettre fin au phénomène. Croisons les doigts… E.B.
