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La consommation révèle les pays les plus émetteurs de CO2

A quelques semaines de l’ouverture de la COP21 qui se tiendra à Paris, la campagne et le rapport « Omissions de CO2, le rôle caché de notre consommation » montrent que si nous calculions les émissions de C02 en fonction de la consommation et non pas de la production, la carte des pays les plus pollueurs en serait bouleversée, comme nous l’explique Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies, auteur de « Vers une consommation heureuse » (Allary Editions).

Le rapport sur lequel vous travaillez s’intitule « omissions de CO2 », pouvez-nous expliquer ce que vous entendez par « omissions » ?

Elisabeth Laville  : Depuis le protocole de Kyoto, les États calculent les émissions de gaz à effets de serre (GES) sur la base de ce qui est produit dans le pays et non pas de ce qui y est consommé. Ce calcul avantage les pays occidentaux qui importent de plus en plus ce qu’ils consomment. La méthode de calcul est donc biaisée ! Notre mode de calcul utilise la base Enora développée par le gouvernement australien qui offre une lecture des flux économiques dans 25 secteurs d’activités et 189 pays dans le monde, et est utilisée pour les prévisions macro-économiques. Cela nous a permis de comparer l’évolution sur 40 ans (1970-2010) des émissions territoriales de CO2 et de celles liées à la consommation (des entreprises, des ménages, des collectivités…).

Concrètement, qu’est ce que cela change ?

E.L : Tout ! Selon le mode de calcul actuel, la Chine apparaît comme le premier émetteur de GES. Or la majeure partie de ses émissions – 45% selon le Parlement anglais – est due aux produits exportés pour la consommation occidentale. Naturellement cela évolue vite car le marché intérieur chinois est en plein développement ! Mais avec un mode de calcul basé sur la consommation, la Chine émettrait en réalité 13% de GES en moins. Prenons le cas de la France : si nous intégrions les émissions liées à l’importation des produits consommés sr notre territoire, nos émissions de CO2 augmenteraient de 41%. Autre exemple avec le gouvernement anglais selon lequel, entre 1998 et 2008, le pays a réduit ses émissions de 19%. Or si nous recalculons les émissions à partir de la consommation, les émissions réelles ont augmenté de 20% !

Votre mode de calcul redéfinît donc la carte des pays les plus pollueurs.

E.L  : Nos calculs concernant les émissions de CO2 font apparaître trois groupes d’États. Dans le premier les pays ne consomment quasiment rien, mais apparaissent très émetteurs. C’est le cas par exemple du Bangladesh, Éthiopie, Laos, Ghana, Mauritanie, Madagascar, ou du Myanmar… qui produisent à bas coût pour la consommation occidentale. Le deuxième groupe rassemble des pays occidentaux en apparence peu émetteurs : Japon, Italie, France, Luxembourg, Grande-Bretagne, Norvège, … sauf qu’ils importent beaucoup et produisent de moins en moins. Le troisième groupe comprends des grands pays qui produisent à peu près autant qu’ils consomment : Brésil, Inde, Vietnam, États-Unis, etc. Pour eux le changement de calcul n’a finalement peu d’impacts même si par exemple pour les États-Unis, il y a quand même une hausse de 16% des émissions de GES avec le mode de calcul basé sur la consommation.

Pétition pour demander une prise en compte de notre mode de consommation dans notre impact climatique : http://www.omissions-co2.com/

Notre consommation a donc un impact considérable sur le climat et l’environnement, mais aussi des conséquences en termes d’équité vis-à-vis des pays producteurs ?

E.L : Oui car ce sont finalement les pays taxés de « pollueurs » qui sont aussi, dans certains cas les plus lésés car ce sont ceux qui consomment le moins. Le cas de la Chine est en train d’évoluer avec un marché intérieur en développement mais pour des pays comme le Bangladesh par exemple, cela reste vrai.

La suite de cet entretien sur lesamisdelaterre.org


Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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