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Nucléaire : des anomalies inquiétantes sur 25 réacteurs

2016, annus horribilis pour le nucléaire français. Après les erreurs repérées dans l’usine Areva du Creusot en avril, les anomalies fragilisant la cuve et le couvercle de l’EPR de Flamanville, l’autorité de sureté nucléaire a exigé l’arrêt provisoire de 25 réacteurs français, soupçonnés de défauts similaires. A l’entrée de l’hiver, la filière nucléaire française n’en finit plus de révéler ses fragilités. A cette occasion, les français découvrent que le discours rassurant des autorités cachait une réalité inquiétante pour la sécurité et la santé des français. Il serait temps de cesser d’investir dans le nucléaire pour privilégier les énergies renouvelables…

Fin avril, Areva annonce que des « anomalies » ont été détectées dans le suivi des fabrications d’équipements au sein de son usine du Creusot (Saône-et-Loire), où a été fabriquée la cuve de l’EPR de Flamanville. L’acier présente un défaut de composition susceptible d’interdire l’emploi de cet équipement crutial pour une centrale nucléaire : des concentrations trop élevées de carbone dans le couvercle et le fond de cuve fragilisent l’acier, et risquent de conduire à la rupture de la cuve en cas de choc thermique. Mais en réalité, le groupe nucléaire avait déjà reconnu fin 2015 que la cuve de l’EPR présentait des défauts. Une enquête est en cours d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui rendra son diagnostic et ses prescriptions en mars prochain.

En juin, on apprenait également que l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) avait demandé à EDF de conduire des analyses sur ce problème dans dix-huit centrales nucléaires françaises sur les 58 que compte le parc nucléaire français. Verdict : certains fonds primaires de générateurs pourraient présenter une zone de concentration importante en carbone pouvant conduire à des propriétés mécaniques plus faibles qu’attendues », expliquait l’ASN. Or, ces composants sont « essentiels pour la sûreté ». Sont concernés des réacteurs de 900 ou 1.450 mégawatts (MW)

Arrêt de 18 réacteurs

Il y a quelques semaines, l’ASN a demandé l’arrêt provisoire de ces 18 réacteurs afin de faire un diagnostic de la gravité de la situation et signifié l’interdiction du redémarrage du générateur de vapeur d’un des réacteurs de la centrale de Fessenheim. Neuf centrales sont concernées : Blayais, Bugey, Chinon, Civaux, Dampierre, Fessenheim, Gravelines, Saint-Laurent-des-Eaux et Tricastin. En cause, non seulement la forge du Creusot, mais aussi une entreprise japonaise qui pourrait ne pas avoir envoyé en France ses meilleurs produits. Près d’un tiers du parc nucléaire se retrouve à l’arrêt à l’approche de l’hiver, soit plus de 20 % de la capacité totale de production française.

« Cette découverte de défauts sur des matériels aussi importants que les cuves, les générateurs de vapeur ou les pressuriseurs est d’autant plus grave que ces défauts sont formellement exclus des hypothèses des différents scénarios accidentels. Ces matériels sont en effet censés obéir à un principe « d’exclusion de rupture ». La découverte de ces défauts de fabrication remet donc en cause l’architecture et la philosophie même des calculs qui conduisent à l’affichage de probabilités d’accidents graves ou majeurs. Que veulent dire en effet ces calculs si l’on découvre des défauts graves et irréparables sur les matériels les plus critiques et censés être parfaits ? », s’interrogent Benjamin Dessus et Bernard Laponche dans AlterEcoPlus.

Arrêt de 5 réacteurs supplémentaires

Les deux auteurs révèlent également que « l’ASN, inquiète de cette avalanche de découvertes, a diligenté une enquête à Areva pour vérifier la conformité de centaines de pièces avec les spécifications demandées. Et là, nouvelle surprise, la découverte de plusieurs centaines de « dossiers barrés » dans lesquels Areva pourrait avoir tranquillement falsifié les certificats de conformité requis. Une pratique semble-t-il courante dont on a bien du mal à imaginer qu’elle provienne d’une initiative isolée. » Fin octobre, l’ASN a demandé la mise à l’arrêt de cinq nouveaux réacteurs sous trois mois. Et la liste des réacteurs affectés pourrait s’allonger…  

Cette découverte remet totalement en question le discours lénifiant que la filière nucléaire nous a servi depuis une soixantaine d’années. La sureté totale du nucléaire français s’avère un mythe. Elle n’existe pas plus qu’en Russie ou au Japon. Au vu du manque de moyen de l’ASN et des pressions du lobby nucléaire, sans parler des syndicats de la filière qui crient au scandale à chaque fois que la fermeture d’une centrale est évoquée, il est à craindre que de nombreuses pièces défaillantes ne soient pas détectées.

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, actuellement vide de contenu sur le volet nucléaire, doit être revue en urgence pour intégrer ce nouveau contexte et prévoir enfin des arrêts effectifs et définitifs de réacteurs autres que Fessenheim, ainsi qu’une accélération des économies d’énergie et du développement des énergies renouvelables.

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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