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Notre Dame des Landes, ou les limites de la démocratie représentative

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En abandonnant le projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes (NDDL), le gouvernement Macron met fin à tout un système de manipulations qui depuis des décennies a rendu le problème complètement incompréhensible et la situation inextricable. Les légalistes affirment que Macron ne respecte ni le droit ni la démocratie. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Qu’ont fait les responsables politiques – élus démocratiquement et légitimes pour prendre une décision – pendant les décennies passées ? La saga NDDL est représentative des limites de la démocratie représentative.

Dans leur majorité, les élus locaux ont tout fait pour que le [projet d’aéroport|https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_d%27a%C3%A9roport_du_Grand_Ouest] se concrétise à Notre-Dame-Des-Landes ([NDDL|http://zad.nadir.org/]). Ils ont commandé des études qui visaient à démontrer que le projet était incontournable : l’augmentation prévue du trafic aérien, l’incapacité de l’aéroport actuel d’absorber le trafic futur, le caractère indispensable d’un aéroport régional pour le développement futur de la région… Dans toutes ces études on omettait de rechercher la solution alternative qui aurait permis d’éviter toutes les aberrations du projet de NDDL (écologiques, financières économiques) : [l’adaptation de l’aéroport existant|https://reporterre.net/Un-nouvel-aeroport-couterait-beaucoup-plus-cher-que-renover-celui-de-Nantes] qui peut largement absorber la croissance du trafic. Il a fallu attendre les conclusions de la mission de médiation reçue par Edouard Philippe à la mi-décembre 2017, pour qu’enfin la possibilité [d’aménager l’actuel aéroport de Nantes|http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/12/14/le-reamenagement-de-l-aeroport-de-nantes-atlantique-devient-credible_5229351_3244.html] soit détaillée. __Manipulation du référendum__ En fin de compte, face à ceux qui refusent l’aéroport de l’absurde, les élus locaux et nationaux ont imaginé de [rendre l’aéroport légitime par un vote du peuple|https://www.marianne.net/societe/referendum-sur-notre-dame-des-landes-et-si-le-gouvernement-avait-choisi-une-autre-echelle]. Simulacre de démocratie participative. On monte un référendum où la question posée est « pour ou contre NDDL » (sous-entendu, sans autre solution possible) et on organise la consultation sur [un périmètre qui a toutes les chances de déboucher sur un oui|http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/22/notre-dame-des-landes-le-flou-des-sondages_4955976_4355770.html], même avec une courte majorité. Il reste à utiliser les outils de manipulation habituels : convaincre ceux qui ne cherchent pas trop à approfondir le sujet, ceux pour qui a raison le dernier à s’être exprimé, ceux qui se laissent influencer par les slogans classiques : création d’emplois, développement économique, promotion du territoire…. __Justice instrumentalisée__ Pas moins de 179 décisions de justice ont été enregistrées depuis le début du projet. Pour autant [le projet est resté bloqué|http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/17/derniers-recours-a-notre-dame-des-landes_4686985_3244.html]. Mais examinons ces décisions de justice ? Le projet est saucissonné en une multitude de questions relevant du droit, sans lien entre elles et sans lien avec les finalités du projet. La justice est-elle impartiale et naïve ou est-elle aussi manipulée par les élus au pouvoir ? A chaque point de droit correspond une décision de justice qui va dans le sens de rendre tout retour en arrière impossible. On ne revient pas sur la chose jugée. Les élus qui défendent le projet ne retiendront que des petites phrases à destination des électeurs influençables : « la justice a tranché, le peuple s’est prononcé… » Les arguments des écologistes qui se sont opposés au projet ne sont pas entendu. L’absurdité écologique et économique du projet est évacuée. Le combat de ceux qui ont des arguments sains va durer des décennies face à ceux qui ont la légitimité du pouvoir politique en vertu de leur élection. __Perversion de la démocratie représentative__ Les « légalistes » utilisent tout ce qui a l’apparence de la légitimité ou de la légalité pour affirmer haut et fort que les opposants ne sont rien d’autre que des délinquants qui ne respectent pas le droit, ni la démocratie. Dans ces conditions, « l’état de droit » passe par la soumission à des décisions prises en petit comité et par un montage financier imposant la construction de l’aéroport. C’est précisément cette perversion de l’esprit de la démocratie qui est malsain et qui contribue à détourner de nombreux citoyens des urnes. Au risque d’essuyer le reproche de ne pas tenir sa parole ou de ne pas respecter la loi, le gouvernement Macron a mis fin à tout un système de manipulations qui depuis des décennies rendait le problème complètement inextricable. Un système construit sur le mensonge, l’hypocrisie et le détournement des outils de la démocratie – procédures administratives, justice, élections. Cet exemple illustre bien les limites de la démocratie représentative où une fois élus, ceux qui sont censés représenter le peuple, peuvent user de leur pouvoir pour servir une vision passéiste ou pire, des intérêts particuliers politiques ou privés, avec des moyens considérables. __Intervention des citoyens__ La démocratie participative aurait permis d’identifier et d’écouter toutes les parties prenantes et aurait rendu visibles les contre-propositions basées sur des études différentes et opposables à celles des porteurs du projet initial. Au lieu de mener le projet comme ils l’entendaient, sans trop d’obstacle, les responsables politiques auraient été confrontés à des arguments qu’ils auraient dû réfuter. Cette discussion régulière aurait permis d’évacuer très rapidement les propositions inacceptables ou incompatibles avec des objectifs fondamentaux comme : # la protection de la nature,la réduction du gaspillage de terres agricoles cultivables en bio, # la limitation des distances à parcourir pour se rendre à l’aéroport, # la limitation de la construction d’ouvrages en béton inutiles et écologiquement nuisibles (consommation démesurée de sable, d’eau et d’énergie). Bien entendu la démocratie participative doit être organisée et cela ne peut se faire que progressivement. Les pratiques doivent être légitimées et reconnues. Les demandes des parties prenantes de participer au projet doivent être prises en compte. Toute proposition doit pouvoir être entendue, étudiée et discutée. Toute étude doit pouvoir être contestée et complétée. Les parties prenantes doivent pouvoir choisir leurs experts et ainsi de suite. __Lenteur ou gain de temps__ Que se serait-il produit si les agriculteurs de NDDL avaient été traités comme partie prenante du projet et non comme exclus, gêneurs voire terroristes, ou si les experts de la biodiversité avaient été entendus autant que ceux qui affirmaient que le nouvel aéroport créerait plus d’emplois que l’aménagement de l’aéroport actuel ? Le projet n’aurait sans doute pas trainé pendant cinquante ans, une solution produite par l’intelligence collective aurait émergé et serait déjà mise en œuvre. On n’aurait pas gaspillé autant de temps et d’argent en procédures administratives et juridiques, en énergie pour massacrer le site à coup de bulldozer, en indemnités pour les agriculteurs expropriés ou en campagne électorale pour un référendum douteux. Sans compter les compensations que le groupe Vinci peut demander, suite au contrat signé avant que les décisions n’aient été finalisées.

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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