Ecologie pour Rosny

Un site utilisant WordPress

Une voiture cachée dans les comptes

A l’occasion du vote d’un budget supplémentaire pour 2010 (2,7 millions d’euros), au cours du Conseil municipal du 21 septembre 2010, le public a appris que Claude Capillon, récemment nommé maire par la majorité UMP / Nouveau centre de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), s’est offert une voiture. Aux frais des contribuables… Un problème d’éthique et de méthode.

Polémique au cours du dernier conseil municipal. Plusieurs conseillers de l’opposition se sont interrogés sur les raisons impérieuses qui ont poussé le nouveau maire de Rosny à prendre la décision de vendre la voiture de Claude Pernès, l’ancien maire décédé cet été, et d’acheter une Prius flambant neuve. Aux frais du budget municipal. Donc, sur le dos des contribuables rosnéens.

La question mérite d’être posée en effet. Pour quelle raison un nouveau maire utiliserait-il le budget municipal pour s’offrir un gadget inutile ? Inutile puisque Claude Capillon a déjà une voiture personnelle et qu’avec 50 000 km au compteur, l’ancienne voiture de Claude Pernès pouvait encore servir de nombreuses années. Question pertinente lorsque l’on sait que cette Prius coûte 26 500 euros (prix public), mais qu’elle pèse 14 000 euros (achat avec la reprise de la C6 diesel de C Pernès) plus 14 653 euros de contrat d’entretien, sur le budget rosnéen. Question d’autant plus pertinente que les élus de l’opposition n’ont pas osé rappeler que le nouveau maire s’est également débarrassé des meubles de bureau de son prédécesseur pour s’offrir une nouvelle Marianne (600 euros) et un mobilier plus conforme à ses goûts personnels. Selon nos informations, il y en aurait pour plus de 10 000 euros, cachés dans différents comptes (achat de mobilier et bâtiments). Un problème d’égo peut-être, histoire de couper le cordon ombilical le raccrochant encore à son défunt père en politique, auquel il doit aussi son poste de conseiller général ?

A Pierre-Olivier Carel, conseiller Modem, qui lui faisait remarquer que l’achat de sa nouvelle voiture n’était pas explicitement porté au budget supplémentaire (dans la section investissement), alors que la vente de l’ancienne voiture était indiquée dans les recettes (10 000 euros), Claude Capillon a rétorqué : « c’est une voiture hybride ». Ajoutant : « Claude Bartolone, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, a deux Laguna, je peux bien avoir une voiture en tant que maire de Rosny ».

De cette réponse péremptoire, il ressort plusieurs choses :

1/ Monsieur le maire n’a pas répondu sur le fond à une question pertinente. Sans doute parce que cette question a mis au jour l’utilisation du budget municipal à des fins personnelles. Certes, il n’y a pas manipulation répréhensible. Mais l’achat d’un gadget personnel et sa dissimulation au milieu de la colonne « investissement » est difficilement justifiable d’un point de vue éthique, alors que le budget 2010 de la commune est en forte diminution et que les aides de l’Etat s’amenuisent.

2/ Le développement durable à la sauce Uram (UMP + Nouveau centre) est décidément une notion très souple. La majorité municipale laisse les promoteurs construire des bâtiments neufs dont les normes d’isolation seront obsolètes dans un peu plus d’un an. Elle n’entreprend rien pour favoriser les modes de transport doux (bicyclette, patins) sur le territoire municipal. Elle encourage la spéculation foncière en modifiant les caractéristiques du PLU (plan local d’urbanisme) pour autoriser des constructions plus hautes dans plusieurs quartiers pavillonnaires. Mais monsieur le maire se déplace en voiture hybride pour préserver la planète. Une caricature ! Si Claude Capillon veut vraiment faire la différence, il doit utiliser un des cinq vélos électriques achetés par la mairie et mis à la disposition des agents.

3/ L’ego de Claude Capillon le pousse à se comparer à un responsable politique d’envergure nationale, alors qu’il a encore tout à prouver dans sa fonction de maire et de leader de la droite municipale. Il n’a encore jamais porté le poids d’une campagne électorale sur ses seules épaules mais il lui faut une voiture flambant neuve pour faire le tour de sa commune. Ce qui ne l’empêche pas, à chaque fois que l’occasion lui est donnée, de s’indigner sur l’utilisation du budget du département. Avec quelques arguments de poids, il faut le reconnaître.

Bien sûr, en tant qu’écologiste, je pourrais me réjouir de l’achat d’une Toyota Prius. Cette voiture à traction à la fois électrique et classique réduit fortement la consommation d’essence et la pollution qui en découle. Mais… en politique, l’éthique et la méthode sont importants.

Si Claude Capillon avait voulu se montrer exemplaire sur le développement durable, notre nouveau maire n’aurait pas acheté un gadget coûteux. Mais il aurait réduit la puissance du parc automobile municipal en vendant les grosses cylindrées pour acheter exclusivement des petits véhicules peu gourmands en carburant. Il aurait réduit le train de vie des élus de l’Uram (le budget festivité par exemple) pour consacrer cet argent à l’investissement dans la rénovation des bâtiments municipaux, grands consommateurs d’énergie ou à l’aide sociale aux familles en difficulté, ou encore à l’introduction d’ingrédients bio dans les cantines. On reconnaît la qualité d’un homme politique à la justesse de ses décisions. Claude Capillon a raté ses débuts…

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

Les commentaires sont fermés.

Aller à la barre d’outils