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A quoi servent les écologistes en politique ?

Extraits d’un article publié par Daniel Boy, chercheur au Centre de Recherche Politique de Sciences Po (Cevipof). Le Monde, le 11 avril 2014.

Certains reprochent aux Verts  une orientation à la gauche de la gauche qui les inciterait à privilégier les enjeux sociétaux (tolérance, refus de l’autorité, lutte contre les discriminations) au détriment de la défense de l’environnement. Des militants associatifs ont le sentiment que le « Grenelle de l’Environnement« , organisé par une majorité de droite, avec des associations de défense de l’environnement, a finalement été plus bénéfique pour les politiques d’environnement que les concessions obtenues par les Verts dans leurs accords successifs avec le Parti socialiste. Si c’est bien le cas, à quoi servent donc les écologistes en politique

Un parti très jeune

Pour tenter de répondre à cette question il faut en premier lieu revenir sur le poids politique de l’écologie. Voir l’analyse complète dans le Monde. S’agissant des élections législatives, c’est là que se situe l’obstacle pour les écologistes. Comme toute formation politique jeune, ils ne disposent pas de zones de force électorale qui permettraient l’élection d’un nombre important de candidats. Ils sont par conséquent tenus de conclure un accord électoral avec un partenaire, le PS, qui garantit l’exclusivité de candidatures écologistes dans un certain nombre de circonscriptions « réservées ». Cette entente électorale s’accompagne d’un accord programmatique au terme duquel un certain nombre de mesures environnementales seront adoptées lorsque les partis coalisés seront au pouvoir

Accord programmatique incontournable

C’est ce dispositif qui constitue l’outil majeur d’influence sur les politiques d’environnement à venir après l’élection, en cas de victoire. On en voit aujourd’hui les faiblesses. Pour parvenir à ses fins il faut en effet d’abord que le contrat  soit respecté. Formellement cela semble être le cas puisqu’il est bien question d’une Loi de Transition énergétique qui doit venir en discussion au printemps de cette année. Que cette loi vienne en débat près de deux ans après l’élection s’explique par la tenue préalable d’un vaste débat sur la transition énergétique qui s’est déroulé avec une sage lenteur, mais une assez faible visibilité publique en 2013. Hélas, enfin arrivés au but – celui de la discussion parlementaire du projet de loi – , les Verts décident de ne pas poursuivre leur participation au gouvernement parce qu’ils soupçonnent d’infidélité aux valeurs de gauche le nouveau premier ministre choisi par François Hollande, Manuel Valls. Ou peut-être parce que le pacte de responsabilité leur semble, comme le clame la gauche de la gauche « un cadeau fait au patronat « . Ou de crainte que les adhérents de base, plus hostiles que les dirigeants au maintien au pouvoir, ne les contestent violemment. Ou encore pour se distinguer du parti au pouvoir et échapper ainsi à un vote  sanction lors des élections européennes à venir. Soit. La transition énergétique se fera donc – peut-être –  mais sans eux.

A quoi sert alors l’écologie politique ?

Peut-être à préparer l’avenir. C’est à dire à travailler à constituer une force politique suffisamment forte pour se passer de ce carcan que constitue un accord électoral avec le PS. La tâche n’est pas facile. Car les résultats des Verts aux élections législatives dans les circonscriptions où ils sont en concurrence avec le  PS, – hors donc des circonscriptions réservées par l’accord – sont très faibles : de l’ordre de 4%. Pas de quoi faire une majorité, en tous cas dans un système majoritaire à deux tours. Il reste l’espoir du passage à un système proportionnel mais encore faudrait-il que celui-ci ne se limite pas à un nombre réduit de sièges qui ne résoudrait nullement le problème des Verts.     

On comprend qu’aujourd’hui bien des défenseurs de l’environnement n’aient guère envie d’attendre que l’écologie politique, enfin devenue une force politique majeure,  assure réellement la prise en compte des enjeux environnementaux. Pour ceux-là l’écologie politique n’a pas réalisé ses promesses. Daniel Boy

Auteur : EB1962

Militant EELV, élu municipal à Rosny-sous-Bois

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